31/08/2021
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La photo parfaite | Des photographes de la FIBA s'expriment sur les JO de Tokyo 2020

MIES (Suisse) - Les Tournois Olympiques de Tokyo 2020 ont fait partie des plus captivants de l'histoire des JO.

Les photographes de la FIBA étaient présents au Japon pour assister à tous les matchs et capturer le génie de joueurs comme Kevin Durant, Luka Doncic, Breanna Stewart et Rui Machida. Ils ont vécu aux premières loges tout ce qui s'est passé à la Saitama Super Arena.

Quelles sont les photos qui ont le plus de signification pour eux, et quelles ont été leur stratégie et leur technique pour réussir la photo parfaite ?

FIBA.basketball leur a donné la parole.

Le photographe Hendrik Osula

« Comme il n'y avait que deux places au bord du terrain à Tokyo, ceux qui n'étaient pas assignés à un match en particulier devaient trouver une place ailleurs.

Pour le quart de finale Espagne vs USA, je suis alors allé monté dans les tribunes pour avoir un angle de vision d'un peu plus haut et plus dégagé. J'ai utilisé mon téléobjectif de 300mm et j'ai essayé de suivre le jeu d'un côté du terrain, en l'occurrence celui où attaquaient les USA. Comme d'habitude pour ce genre de photos, il faut de la chance et j'en ai eu cette fois.

KD a trouvé une ouverture pour attaquer le panier et dunker sous les yeux de Rubio et Abalde.

Cette photo est clairement le résultat d'un bon choix de place (possible uniquement car il n'y avait pas de public), d'une fantastique performance d'un des plus grands joueurs du monde et d'un bon timing ! »

La photographe Sonia Cañada

« Il m'est difficile de choisir ma meilleure photo de ces JO. Il y a eu de nombreux beaux moments procurés par plein de joueurs très talentueux pour essayer de prendre la "photo parfaite".

Même si j'ai réalisé d'autres photos qui, esthétiquement, me plaisent davantage, je pense que celle-ci a eu énormément d'écho et qu'elle a marqué les esprits.

C'était en demi-finale du Tournoi masculin, lors du match France vs Slovénie, avec moins de deux secondes à jouer. Les hommes de Vincent Collet menaient d'un point et le Slovène Klemen Prepelic est allé au panier ... et Nicolas Batum a surgi de derrière pour contrer son layup et réussir ce qui restera probablement comme la plus belle action des JO de Tokyo 2020 !

J'étais positionnée en face du banc français, avec les bons outils pour capturer tous les détails, tandis que mon collègue Matteo Marchi était lui en face du banc slovène.

Nous avons tous deux pris la photo au même moment, d'un autre angle. La même séquence vue par des photographes aux styles différents.

J'ai réussi à capturer l'instant où la main droite de Batum stoppe la trajectoire du ballon à peine lâché par Prepelic, mettant ainsi un terme aux rêves de gloire olympique de l'équipe de Slovénie.

Tout s'est passé en quelques dixièmes de secondes. Mon angle était idéal pour immortaliser le contre parfait de Batum qui a envoyé la France en finale des JO de Tokyo 2020. Cette photo combine beauté plastique et histoire, puisque cette action est immédiatement entrée dans les annales du basket français.

Quand j'ai retiré mon doigt du bouton de l'obturateur, j'ai instantanément su ce que j'avais sur mon appareil. Et j'ai souri... D'un très large sourire ! »

Le photographe Matteo Marchi

« Il est toujours délicat de choisir une photo plutôt qu'une autre... c'est comme demander à un parent de choisir son enfant préféré. J'aurais pu opter pour celle du contre de Batum que tout le monde a vue, mais ça me semblait trop évident.

J'ai décidé de revenir sur une photo qui n'est techniquement pas ma meilleure, mais qui met en scène quelque chose qui m'émeut à chaque fois : c'est le moment juste après la fin du quart de finale Japon vs Belgique.

Les Belges venaient de manquer un tir de la victoire au buzzer. Pour moi, il était clair que les "Cats" s'attendaient à gagner, et peut-être même qu'elles auraient mérité de s'imposer. Ces minutes qui ont succédé à la sirène finale étaient remplies d'émotions des deux côtés, et j'ai toujours trouvé que les JO étaient différents des autres tournois juste pour ça : dans le contexte des JO, les émotions sont d'une tout autre envergure.

Sur cette photo, il y a Hanne Mestdagh et Julie Vanloo, coéquipières et amies, en plein désespoir. Derrière, on voit la joie de l'équipe du Japon. La planche est illuminée, signe que le match est fini. Dans cette photo, on ressent le mélange de sentiments qui s'est emparé du terrain à ce moment-là.

En fait, je pense que cette image résume à elle-seule l'esprit des JO : l'amitié, le désespoir, la joie, la fierté. Ce sont les valeurs du basket. »

Le photographe Milad Payami

« Oui, tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut être au bon endroit au bon moment, mais ça ne suffit peut-être pas ! Qu'est-ce qui différencie les JO des autres tournois ?

C'est une question qui m'a de plus en plus occupé l'esprit au fur et à mesure que nous nous rapprochions des finales. Je n'arrêtais pas de me demander comment raconter les JO, puisque je faisais partie des quelques personnes à avoir la chance d'être autorisées à y assister, à voir de mes propres yeux l'histoire s'écrire et d'ensuite la proposer au monde entier via mon téléobjectif.

Pour moi, ces JO ont plus été une question d'ambiance dans les salles. Les fans n'étaient pas là, mais je pouvais malgré tout ressentir une sorte d'énergie, différente. J'espère que c'est la dernière fois que les JO se déroulent ainsi !

Les JO, c'est l'or, l'argent et le bronze. Cela va au-delà des stars présentes sur le terrain. Ce sont les KD, DT, Scola, Doncic, les frères Gasol et tous les athlètes prêts à donner le meilleur d'eux-mêmes.

Je voulais tout montrer. Pour capturer le caractère unique des JO, je devais être à mon meilleur niveau au moment le plus décisif de la compétition : la finale, ce match que tout le monde attendait impatiemment, avec son lot d'histoires.

Il m'a fallu bien choisir ma place. Je voulais absolument avoir les anneaux olympiques dans mon champ de vision. Je voulais aussi qu'on voit les tribunes vides. Et je voulais mettre en scène les étoiles au moment où elles brillaient le plus. J'avais besoin d'être extrêmement concentré.

La finale a eu lieu le 7 août 2021 à 11 h 30, et la fenêtre de ma chambre d'hôtel donnait directement sur la Saitama Arena. Je me suis réveillé à 7 h 00, je me suis assis près de la fenêtre et j'ai observé la salle pendant une demi-heure. J'essayais de m'imaginer les photos que j'allais prendre et je me suis rappelé l'une de mes photos favorites, celle de Paul George en finale des JO de Rio en 2016, alors qu'il montait au dunk. On pouvait voir les anneaux olympiques et ressentir l'ambiance en fond derrière lui.

Une photo parfaite pour l'événement.

J'avais besoin de quelque chose de similaire pour raconter l'histoire de ces JO. Et oui, j'ai réussi à capturer cette scène. L'occasion que j'avais tant attendue s'est présentée à moi : KD et Rudy sont à la lutte dans les airs pour aller décrocher la médaille d'or. Quand j'arrive à prendre une photo que j'aime, je parviens à la visualiser avant même de la revoir sur mon appareil. J'ai immédiatement eu cette sensation avec celle-ci. »

FIBA